Roger Rivière : l'affreux drame du Perjuret du 10 juillet 1960 !
Il aurait pu damer le pion à un certain Jacques ANQUETIL mais le sort en aura décidé autrement et le dimanche 10 juillet 1960 dans un ravin, celui du Perjuret en Lozère, Roger RIVIERE perdra tout : la course comme l'envie de se raccrocher à la vie ! Alors que vient de se terminer l'édition du Tour de France 2025 on ne peut s'empêcher de repenser à ce magnifique coureur qu'était Roger RIVIERE dont beaucoup ont aujourd'hui oublié jusqu'à son existence ! Et pourtant !
Pourtant, ce 10 juillet-là on ne donnait que peu de chances à l'Italien Gastone NENCINI de remporter le Tour de France, un Tour qui était taillé pour le jeune prodige stéphanois qui, l'année précédente, avait déjà failli l'emporter. Et s'il n'y avait pas eu une mauvaise rivalité entre les quatre Français : BOBET, GEMINIANI, ANQUETIL et RIVIERE, Roger aurait pu battre Fédérico BAHAMONTES, l'aigle de Tolède ! Evacué en hélicoptère aussitôt après sa chute, RIVIERE devra supporter une souffrance aigüe, comme il le racontera un mois plus tard au Parisien Libéré : "Ce que j'ai enduré était si pénible, que j'aurais préféré me tuer sur le coup. Quand j'ai touché mes jambes, dures comme du bois, j'ai compris que j'étais paralysé". A cette tragédie s'en ajoute une autre avec un hélicoptère qui avait dû se poser dans le champ d'un paysan, furieux de voir le grand cirque médiatico-sportif du Tour souiller son terrain. Avec des réactions semblables selon le célèbre chroniqueur Antoine BLONDIN, à celle d'un DOMINICI rongé par les ans et les malheurs. On attribue cette chute à un problème de réflexe et au fait que RIVIERE aurait absorbé des amphétamines et un cachet de palfium. Un analgésique qui a pour effets secondaires de retarder les réflexes et une perte de sensibilité dans les doigts. Or, le coureur stéphanois en avait utilisé régulièrement depuis le début du Tour 1960. L'ancien soigneur de Louison BOBET, Raymond LE BERT avec lequel Roger RIVIERE s'était du reste brouillé après le Tour 1959 l'avait pourtant mis en garde. Après sa chute dans le ravin du Perjuret le champion augmentera les doses ingurgitant jusqu'à sept fois les doses permises. Ce qui le verra condamné pour infraction à la législation des stupéfiants en 1967. Devenu prisonnier d'une mauvaise dope, Roger finira par faire de mauvaises affaires après les ouvertures d'un bar et d'un garage, et un cancer des cordes vocales finira par avoir définitivement raison de lui. Roger RIVIERE décédera le premier avril 1976, sans avoir pu se rétablir, il avait quarante ans.
On a dit de lui que c'était un personnage complexe mais les grands champions ne le sont-ils pas tous un peu ? Roi de la piste, meilleur rouleur de la planète, peut-être même de tous les temps, il aurait pu et aurait dû devenir le grand rival de Jacques ANQUETIL sur la route dans les années 60. Un rôle finalement dévolu à Raymond POULIDOR dès 1962. C'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le jeune Roger était monté pour la première fois sur un vélo, celui de sa mère. Avant que pris de passion pour ce sport, il se mette en tête de rivaliser les meilleurs dans un exercice particulier : le contre la montre, une spécialité où régnait déjà deux maîtres en 1957 : Jacques ANQUETIL et Ercole BALDINI ! Que nenni, il battra à plusieurs reprises le record de l'heure de BALDINI en le hissant à des sommets prestigieux ! Il semblait que l'homme était en mesure de tout gagner et pas seulement les contre la montre, ce que démontre sa participation à son premier Tour de France en 1959 !
Dans un récit superbement détaillé, Laurent VERGNE revient sur ce qu'aura laissé comme souvenirs ce coureur prometteur qu'était Roger RIVIERE !
Commentaires
Enregistrer un commentaire