L'avocat Pierre Masse qui avait cru en Pétain, sera gazé. Il était juif !
Ancien avocat, ce sénateur n'avait qu'un seul défaut, si tant est que cela en soit un, il était juif et il avait servi la France avant que celle-ci, par la décision d'un vulgaire coureur de jupons antisémite, le condamne à être gazé. Alors qu'il pensait que leurs liens d'amitié prévaudraient. Et le pire, qu'est qu'en juillet 1940, le 10 sur le coup des 14 heures, Pierre MASSE, sénateur de l'Hérault de la gauche républicaine avait encore cru à Vichy devoir voter les pleins pouvoirs à ce maudit PETAIN, comme quelques centaines d'autres parlementaires, tombant dans un piège dont la France aura du mal à se relever. Ce qu'il regrettera sans doute amèrement à la fin de ses jours lorsqu'emprisonné en juin 1942 à la Prison de la Santé il sera déporté vers Auschwitz par le convoi no 39 du 30 septembre 1942 où il sera gazé. On sait aujourd'hui qu’avant cette séance, il avait essayé à Vichy d’obtenir de Pierre LAVAL des garanties sur le respect des libertés individuelles avant qu'une réponse brutale lui soit faite par le maire d'Aubervilliers.
A la promulgation des lois antijuives et dès octobre 1940, Pierre MASSE adressera une lettre à PETAIN dont il ne recevra d'ailleurs aucune réponse et dont le texte suit ! Il aura d'autres occasions de réagir auprès du vieux soldat (vidéo en fin d'article)
« Monsieur le Maréchal, J’ai lu le décret qui déclare que les Israélites ne peuvent plus être officiers, même ceux d’ascendance strictement française. Je vous serais obligé de me faire dire si je dois aller retirer leurs galons à mon frère, sous-lieutenant au 36e régiment d’Infanterie, tué à Douaumont en avril 1916 ; à mon gendre, sous-lieutenant au 14e régiment de Dragons portés, tué en Belgique en mai 1940 ; à mon neveu Jean-Pierre Masse, lieutenant au 23e Colonial, tué à Rethel en mai 1940. Puis-je laisser à mon frère la Médaille militaire gagnée à Neuville Saint-Vaast, avec laquelle je l’ai enseveli ? Mon fils Jacques, sous-lieutenant au 62e bataillon de Chasseurs alpins, blessé à Soupir en juin 1940, peut-il conserver son galon ? Suis-je assuré qu’on ne retirera pas rétroactivement la Médaille de Sainte-Hélène à mon arrière-grand-père ? Je tiens à me conformer aux lois de mon pays, même quand elles sont dictées par l’envahisseur. Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal, les assurances de mon profond respect. Pierre Masse »
Né le 13 décembre 1879 à Ribérac, en Dordogne le père de Pierre MASSE, Edouard, avait été Secrétaire de la Conférence et avait choisi la magistrature puis, après avoir occupé différents postes notamment en Dordogne, d'être nommé Avocat Général à 34 ans, à la Cour d’appel de Besançon. Sa mère, Lucie SIMON, était issue d’une vieille famille lorraine appartenant à la communauté juive de Metz, son bisaïeul ayant été Intendant des princes de Nassau. En décembre 1914, il avait été promu lieutenant de réserve à titre temporaire, puis capitaine de réserve, en juin 1915. À ce moment-là, Pierre MASSE, de retour au Parlement, s’attachera à la mise en œuvre de mesures sociales envers les familles des soldats. Dans ses souvenirs de la Santé de juin 1942, il dira que de tous les mandats exercés, c’est celui de Conseiller Général qui lui aura le plus tenu à cœur et qui lui aura également apporté le plus de satisfaction.
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