Juan Peron et les nazis...
Après la fin de la guerre une traque des nazis auteurs des pires crimes a rapidement été organisée et il a donc fallu à ces derniers qu'ils échappent à ce que le jugement de Nuremberg leur avait laissé craindre. Dès 1945, ils seront d'ailleurs déjà plusieurs à envisager de quitter l'Europe après s'être fait délivrer de nouveaux faux papiers en Italie, grâce souvent au secours de l'Eglise catholique et d'un certain prêtre acquis aux idées nazies, un dénommé Aloïs HUDAL, ainsi que grâce à l'entremise de l’ODESSA, l'Organisation des anciens membres de la SS. On a dit que les services secrets nord-américains avaient appris que le consulat d'Argentine à Lisbonne délivrait des passeports argentins avec leurs vrais noms à des fugitifs nazis avec des lieux de naissance falsifiés. A tel point que Bueno Aires deviendra très vite une plaque tournante pour tous ces nazis en fuite.
Il convient ici de préciser que le 10 avril 1938, et donc bien avant le début de la guerre, des milliers de sympathisants nazis argentins de l’Union Alemana de Gremios s'étaient réunis dans le stade Luna Park de Buenos Aires, pour célébrer l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne. Ce qui montre s'il en était besoin ce qui était privilégié en Argentine avant guerre. Peut-être aussi parce que l'Argentine était un pays ouvertement antisémite. Avec des pays comme la Bolivie, le Paraguay ou le Brésil, l'Argentine ne sera donc pas le dernier pays d'Amérique du sud à accueillir des nazis dès la fin du conflit et la mort d'Adolf HITLER. Plusieurs milliers d'anciens nazis criminels de guerre notoires arriveront ainsi en Argentine, le plus célèbre d'entre eux étant Adolf EICHMANN, Josef MENGELE ou Franz STANGL. L'ancien général Juan Domingo PERON avait d'ailleurs lui-même considéré qu'il s'était produit à Nuremberg quelque chose de honteux comme si ces condamnations à mort contre des criminels pouvaient être injustifiées. Klaus BARBIE ne restera cependant que très peu de temps en Argentine préférant émigrer vers la Bolivie. FREUDE, le secrétaire personnel du président PERON, directeur du Renseignement au sein de son gouvernement et proche de son épouse Évita, a du reste joué un rôle clef dans l’exfiltration d’anciens criminels nazis, parce qu’ils appartenaient à l’industrie du ciment en Argentine. Comme on dit, les affaires sont les affaires ! Le reportage qui suit essaie de brosser les autres raisons qui auront poussé cette Argentine du dictateur attachée à un certain progrès social à accepter d'accueillir ces dignitaires nazis. Pour PERON qui avait conquis le pouvoir argentin en 1946 après avoir été ministre c'était aussi l'occasion pour son pays de se procurer certaines richesses et un savoir-faire afin de favoriser l'industrialisation de l'Argentine. Car certains autres nazis accueillis avaient des compétences et disposaient de surcroît de moyens financiers conséquents.
Fils d'un petit fermier, il semble que ce soit son séjour en Italie entrepris en 1939 qui ait incité l'ancien colonel devenu général qu'était Juan Domingo PERON à s'extasier devant les vertus du fascisme et devant des personnalités comme celles de Bénito MUSSOLINI ou Adolf HITLER qu'il admirait. Parvenu au pouvoir en Argentine en 1946 après avoir été un temps ministre et au moment même où à Nuremberg on avait choisi de condamner à mort ces nazis qu'il appréciait, il avait donc très vite accepté de venir à leur secours même sans pour autant le montrer ouvertement à la terre entière. Ce sentiment bienveillant à l'égard du nazisme explique que des capitaux allemands aient pu prendre la direction de l'Argentine dès 1943 au moment où justement ses fonctions de ministre l'avaient fait remarquer. Réélu en 1951, mais accusé de livrer son pays à des multinationales étrangères, PERON sera néanmoins renversé par un coup d'état des militaires en 1955. Il reviendra néanmoins au pouvoir en 1973 avant de décéder un an plus tard à 77 ans d'une crise cardiaque. Né en 1895, on notera que cet homme avait eu une existence agitée, notamment après avoir épousé l'actrice Evita DUARTE qui disparaîtra à 33 ans d'une leucémie laissant derrière elle un peuple qui la vénérait parce qu'elle oeuvrait pour les plus démunis. Cela avant que Juan Domingo ne s'éprenne d'une danseuse lors d'un séjour en Amérique Centrale, une dénommée Isabel qui deviendra elle-même présidente en 1974.
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