Alain Mimoun, ce guerrier à la foulée irrésistible...
Alain MIMOUN c'était un combattant. L'aurait-on oublié ?
C'est en janvier 1944, le 28, pendant la bataille de Monte Cassino en effet, près de Rome, qu'Alain MIMOUN a découvert ce que pouvait être l'endurance et les qualités qu'il fallait avoir pour être, non seulement un combattant émérite mais aussi un grand champion. De 1940 à 1945, cet « indigène » venu d'Oran faisait pourtant partie des êtres moqués par Adolf HITLER, et il combattra le nazisme avec conviction. L'ancien champion fera effectivement partie avec 134 000 Algériens, 73 000 Marocains, 26 000 Tunisiens et 92 000 ressortissants des pays d'Afrique noire de ceux qui composeront plus de la moitié de l'armée de terre française en 1944. Fin 1942 déjà il faisait partie de l'opération Torch aux côtés des Américains lorsqu'ils ont envahi l'Afrique de Nord. Né en Algérie en 1921, Alain MIMOUN faisait effectivement partie à 19 ans du 19e Régiment du Génie et il était donc aux avant-postes quand a éclaté la Seconde Guerre Mondiale, participant notamment aux combats contre l’Afrika Korps de ROMMEL lors de la campagne de Tunisie. Sa jambe gauche martyrisée par plusieurs éclats d’obus et sauvée en Italie par un chirurgien inspiré, c'était d'ailleurs pour le soldat MIMOUN, déjà un signe de Dieu. Déterminé à ne pas perdre cette jambe, il refusera l’amputation pourtant conseillée par les médecins, ce qui changera, sans qu'il s'en doute encore, le cours de sa vie. Les séquelles de sa blessure reçue à Monte Cassino seront certes sa faiblesse mais il réussira à convertir celle-ci en force, avec une foulée particulière terriblement efficace. Il trouvera même la ressource de participer aux derniers combats en Alsace contre les troupes nazies. Il le dira plus tard convaincu qu'il avait mérité son statut de Français à part entière grâce à son engagement dans l'armée française !
La paix revenue, l’aspirant-athlète se lèvera tôt pour s’entraîner et se couchera tard pour travailler au bar du Racing Club de France, club dont il a porté le maillot. Parce qu'il fallait se donner les moyens de se faire repérer rapidement par les sélectionneurs français. Il obtiendra après coup 3é titres de champion de France. Et, sélectionné, il le sera vite, surtout après être devenu champion de France ! C'était en 1947 ! À cette époque, le futur champion olympique vivait dans un modeste deux pièces du 19e arrondissement de Paris et les sponsors, on ne savait pas encore ce que c'était. Il ne pouvait pas davantage compter sur un centre de formation, seulement sur son goût de l’effort et sur la fierté de représenter son pays, la France. Ce qu'il fera avec brio dès les Jeux de Londres en 1948 en décrochant une médaille d'argent derrière le Tchèque Emil ZATOPEK. Devenu catholique, il puisera dans sa nouvelle religion une foi inébranlable qui l'aidera, surtout avant Melbourne où il avait un temps été assailli par le doute.
Grâce à sa victoire au marathon des jeux Olympiques de Melbourne en 1956, où il avait notamment dominé le Tchèque Emil ZATOPEK, MIMOUN aura marqué l’histoire de son sport. Quatre ans plus tard, en 1952 à Helsinki, il avait terminé également second sur le 5 000 m. C'est un grand Monsieur qui nous a quittés le 27 juin 2013 à 92 ans ! Peu de temps avant son décès, il était revenu le temps d'un reportage sur sa magnifique victoire de Melbourne, avec toujours des trémolos dans la voix. C'est vrai que c'était une magnifique journée Alain, une journée où il avait tenu jusqu'au bout malgré la chaleur et sans boire une goutte d'eau, ce qui paraît incroyable ! D'ailleurs ce jour-là même son ami ZATOPEK s'inclinera ! Son parcours olympique ne s'arrêtera pas là puisqu'il s'alignera encore sur le marathon des Jeux de Rome en 1960 où il ne finira que 34è. Inutile de dire qu'il sera particulièrement malheureux pendant la guerre d'Algérie ayant choisi le camp de la France. Devenu profondément gaulliste par admiration pour l'homme du 18 juin 1940, il ira d'ailleurs fleurir tous les deux ans à Colombey la tombe du général et refusera de rencontrer le Président MITTERAND qu'il prenait pour... un imposteur. Il ne retournera dans le pays de son enfance qu'en... 1980 !

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