Gianni Versace, l'empereur assassiné. Une vengeance homosexuelle ?
L'affaire avait fait grand bruit en cette fin des années quatre-vingt-dix ! Peut-être aussi parce que tous les ingrédients étaient réunis : parties fines et homophobie, train de vie flamboyant de la victime, réussites jalousées, etc, etc... Le tout dans un cadre idéal où vivaient des jeunes gens beaux comme des dieux. Pourtant, ce grand couturier du nom de Gianni VERSACE n'était pas le premier à être assassiné ! Quelques mois plus tôt en effet, en mars 1995 en plein Milan, il y avait eu l'assassinat d'un autre magnat de la mode : Maurizio GIUCCI !
Certes, ce Gianni VERSACE ça n'était pas n'importe qui ! Après avoir travaillé pour plusieurs maisons de prêt-à-porter italiennes, il avait présenté en 1978 une première collection sous son nom dont la réussite lui avait permis d’ouvrir la première de ses boutiques. inspiré par Franca VERSACE, une mère couturière installée à Reggio-di-Calabre, âgé de 50 ans, et au sommet de la gloire, adulé par des célébrités du monde entier comme Elton JOHN, MADONNA ou la Princesse DIANA le créateur était devenu l'archétype même d'un génie créatif qui le voyait habiller toutes les stars les plus sexy et les plus glamours de la planète de façon parfois suggestive comme cela avait été le cas de la magnifique Liz HURLEY. Une apparition qui fera d'ailleurs la une de Paris-Match (en photo ci-contre avec l'acteur Hugues GRANT). Comme le reconnaîtra l'une de ses fidèles clientes parlant de lui, VERSACE c'étaient des créations avec toute une architecture intérieure qui mettait le corps en valeur ! Le pire de l'histoire c'est que dix jours avant de mourir il avait encore présenté un défilé, mais sans imaginer que ce serait le dernier. Et puis on ne le voyait pas disparaître de la même façon que l'héritier GIUCCI dont l'assassinat deux ans plus tôt avait longtemps fait croire à une implication de la mafia avant de compromettre l'un de ses proches. Car enfin, être allumé comme l'aura été VERSACE à Miami en rentrant chez lui en cette mi-juillet 1997, de deux balles tirées à bout portant par quelqu'un qui était apparemment décidé à tuer, cela était loin de ressembler à ce que l'on imagine d'ordinaire dans ce genre d'histoires où se mêlent argent et sexe. Ce jour-là, comme le rapporte Deborah BALL dans un ouvrage consacré à cette disparition, « House of Versace », le designer s’était tout d’abord levé vers trois heures du matin afin de s’enquérir de l’état de ses affaires milanaises, où en Italie il était déjà neuf heures. En pleine préparation de sa future collection, à la recherche d’étoffes innovantes il tenait à les avoir sous la main lors de son retour en Italie. Gianni VERSACE venait de boire son jus d’orange, était sorti acheter des journaux et, revenu devant son portail, il s'était fait tirer dessus.
Le tueur, un dénommé Andrew CUNANAN repéré grâce à des empreintes laissées sur les lieux, n’en n'était pourtant pas à son coup d’essai : il se trouvait être l'un des dix criminels les plus recherchés par le FBI et un serial killer en fuite qui avait déjà laissé derrière lui plusieurs morts en faisant parfois souffrir ses victimes. C'était, reconnaîtra-t-on un peu plus tard, un homme qui avait un côté obscur inquiétant et qui voulait passer à la postérité en tuant quelqu'un qui était en vue, et donc une personnalité. Sa première victime, Jeffrey TRAIL, avait été retrouvée le crâne défoncé à coups de marteau dans l’appartement de David MADSON, l’amant de CUNANAN, à Minneapolis. Quelques jours plus tard, c’était le corps de MADSON qui avait été repêché à son tour dans un lac de la région. Nouvelle découverte macabre dès le lendemain, le 4 mai, dans l’Illinois : un riche agent immobilier de 72 ans qui aura été assassiné avec un sécateur. Le 9 mai, à 2 000 kilomètres de là, dans le New Jersey, un gardien de cimetière sera la quatrième proie de CUNANAN.
Traqué par la police après avoir tué VERSACE, le serial killer sera retrouvé au bout de quelques jours terré dans une péniche, mais animé de la volonté de ne pas se laisser prendre vivant après une chasse à l'homme d'une huitaine de jours comme on en avait rarement connue. L’homme préfèrera finalement se suicider, sans expliquer la raison qui l’avait poussé à tuer VERSACE. On apprendra par la suite que tout comme VERSACE qui ne cachait pas son homosexualité, CUNANAN était lui même un homo qui connaissait le créateur et qui n’aurait pas supporté d’avoir été éconduit par le couturier… Et qu'Andrew CUNANAN, qui prétendait avoir contracté le sida, avait juré de se venger des homosexuels… Un scénario horrible ! Cependant, on sait aujourd'hui que CUNANAN était aussi un petit gâté qui avait mal été élevé et qui avait tendance à raconter n'importe quoi. D'autres raisons seront également avancées pour tempérer de telles affirmations ou les croire : Gianni VERSACE, qui vivait bien son homosexualité, était en couple depuis 15 ans avec le mannequin et styliste italien Antonio D’AMICO et il n'avait donc aucune raison d'aller voir ailleurs ! La soeur du créateur italien fera une révélation peu de temps après la sortie d'un film consacré à cet assassinat. « Gianni ne devait pas être sa dernière victime, dira t-elle. La police a découvert une liste de noms de célébrités parmi ses effets personnels. Certains noms avaient été cochés. Ils étaient dans son programme meurtrier des semaines à venir. »
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