Clara Petacci, la maîtresse de Benito...
Il aura fallu soixante ans au gouvernement italien pour déclassifier un témoignage de première main, un document sur l’intimité de Benito MUSSOLINI. C’est dire à quel point tout ce qui touche au Duce est encore un sujet sensible en Italie. Ce témoignage contenu dans un document est le journal intime de Clara PETACCI (photo ci-dessus), fille d'un physicien et née en 1912 à Rome, devenue la maîtresse du maître de l’Italie en 1936. Une femme qui avait été mariée à Riccardo FEDERICI disparu semble-t-il en 1942. Leur liaison avec Benito durera jusqu’en 1945, lorsque les deux amants seront arrêtés par un petit groupe de partisans à Dongo sur la rive du lac de Côme, rapidement exécutés et pendus par les pieds. La maîtresse du Duce, qu'on appelait la chienne de Mussolini, aura donc suivi logiquement son maître jusque dans la fuite et la mort, près du lac de Côme, à Giulino di Mezzegra, le 28 avril 1945. Le corps de Clara comme celui du Duce subiront les pires outrages : crachats, coups et jets d'urine. Lorsque les deux dépouilles partiront pour la morgue de la ville italienne, elles seront même méconnaissables. Benito MUSSOLINI n’avait pas la vocation de martyr comme HITLER et il avait projeté de s'enfuir en Suisse, un pays qui représentait une destination idéale et importante pour le Duce. Il s’y était déjà enfui lorsqu’il était jeune pour éviter le service militaire et il avait envisagé de s’y réfugier à nouveau en 1922, ne sachant pas si son coup d’État, la marche sur Rome, réussirait. Quelques semaines auparavant cette nouvelle fuite d'Italie, Clara avait confié son précieux manuscrit à la comtesse Rina CERVIS, qui l’avait enterré dans son jardin à la Libération. Cinq ans plus tard, une perquisition de la police à son domicile avait mis au jour le journal intime aussitôt placé sous le sceau du secret défense. Il le restera jusqu’en 2000.
Que de dissimulations ! Les circonstances de la première rencontre de Clara avec MUSSOLINI y seront modifiées. De même, dans ce journal, son mari Riccardo FEDERICI est représenté beaucoup moins athlétique et plus jeune qu’en réalité. Ce journal est le portrait d’une jeune femme de son temps et de la haute bourgeoisie, propulsée dans les plus hautes sphères de l’Etat grâce à sa relation avec MUSSOLINI le plus puissant des Italiens. Naïve elle n'aura que 24 ans lorsqu'ils vivront ensemble. Fascinée par un homme dont on lui a toujours vanté les mérites, amoureuse par sa force brute, au fil du temps elle apprendra à user de son charme pour manœuvrer les hommes à son avantage ou celui de sa famille. En filigrane de ce portrait de femme apparaît bien évidemment une époque et les différents événements qui jalonnent les quinze dernières années de l’Italie fasciste, vus depuis les sommets du pouvoir. L’un des points les plus intéressants de ce journal est l’évolution des rapports entre l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie, et plus particulièrement entre MUSSOLINI et HITLER. Surtout à partir de 1937 où HITLER avait gagné en puissance et en autorité. Le Duce disposait d’un appétit sexuel débordant au point de tromper éhontément sa femme, voire de reporter un conseil des ministres pour faire l’amour à Clara ! Tour à tour colérique, fanfaron, versatile, fort avec les faibles et faible avec les forts, imbu de sa personne, impitoyable, séducteur, menaçant, grossier, le Duce n’est pas à son avantage dans la description qu'en a fait sa maîtresse.
Ce Journal de Clara de Clément XAVIER (scénario) et de Pauline CHERICI (dessin) a été publié chez Actes Sud L’An 2. (398 pages. 28 euros).

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