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Bernard Tapie, ou l'homme d'un immense gâchis...

Bernard Tapie, un immense gâchis...

Bernard Tapie, un immense gâchis...

C'est son "Basilou" le footballeur Basile BOLI qui, me semble-t-il, l'aura le mieux défini en reconnaissant que Bernard TAPIE avait une putain de force et que c'était un chieur ! Mais c'est vrai aussi qu'il savait être un emmerdeur dans le bon sens du terme et pousser les gens à aller au-delà d'eux-mêmes. A examiner son parcours, reconnaissons qu'il avait effectivement tout pour lui. Hélas ses appétits l'auront poussé à la faute, car il a trop longtemps donné le sentiment de ne jamais en avoir assez avant cependant de changer de partition après sa condamnation à huit mois de prison et de s'orienter vers une carrière artistique ! Mais s'il pouvait choquer c'est peut-être parce qu'il parlait au cours de ses premières années d'entrepreneur d'une manière décomplexée de ses réussites et de sa volonté de gagner avec ses équipes et comme il l'a affirmé « beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent ». A l'époque où ont commencé à se lever beaucoup trop d'oppositions contre lui, il était même considéré comme l'illustration de l'entrepreneur moderne français. De cet homme aux nombreuses qualités, il reste surtout aujourd'hui le souvenir d'un homme qui aura profondément marqué le sport français et aussi celui d'un peuple marseillais en liesse. C'était un 26 mai, en 1993, voici déjà trente et un ans et la Canebière avait pris feu après la victoire de l'OM sur le grand AC Milan et son nouvel avant centre Jean-Pierre PAPIN ! 

Bernard Tapie, un immense gâchis...

Celui que l'on a longtemps pris pour un désosseur et un vautour deviendra l'un des hommes les plus en vue dans le monde du sport au terme de deux Tour de France cyclistes gagnés par Bernard HINAULT et Greg LEMON et une traversée mémorable entreprise sur son Phocéa, c'est dans le football que viendront des succès conquis assez rapidement, succès qui hisseront l'OM au sommet dès la fin 1988. Une réussite exceptionnelle qui est aussi celle de toute une équipe que ce repreneur d'affaires en difficulté avait su constituer autour de lui. Comme il avait su le faire dans ses entreprises en appelant auprès de lui les meilleurs et ceux, capables de l'aider à devenir ce qu'il est devenu dont le célèbre avocat Jean-Louis BORLOO. Ces réussites lui ouvriront les portes de TF1 où, encourage par le Président MITTERRAND on lui proposera d'animer l'émission Ambitions. Aujourd'hui encore et après l'avoir pourtant trahi lors de l'affaire OM/VA sur les conseils d'un avocat, son ancien bras droit Jean-Pierre BERNES concède qu'il était fasciné par l'homme et qu'il l'avait suivi sans problème lorsqu'il s'était agi de faire de l'OM le grand club qu'il a failli devenir en 1993. « Le monde de tous les pouvoirs, je n'avais aucun droit d'y entrer, écrira t-il dans l'un de ses ouvrages. Je n'ai pas respecté cet interdit absolu. Là où on voulait me maintenir, je n'y suis jamais resté ; les lieux qu'on voulait m'interdire, je n'ai cessé d'y pénétrer. Rebelle, insurgé, impertinent, insoumis, inclassable et mal élevé, j'ai toujours refusé aux autres le droit de décider de ma vie ». Il dira aussi qu'il avait appris à ne pas être rancunier. C'est cette notoriété acquise dans le sport qui l'avait poussé à s'intéresser à ADIDAS, la célèbre marque sportive qui traversait, elle aussi, au début des années quatre-vingt-dix une mauvaise passe. Surtout depuis le décès de son créateur Adi DASSLER. Une firme qu'il commencera à redresser avant d'être contraint de la céder en 1993 parce qu'il lui aurait été difficile de continuer à être à la fois ministre et PDG d'une telle affaire qui demandait beaucoup trop de présence. Une opportunité que saisira le Crédit Lyonnais en empochant au passage bien plus que ce qui aurait dû revenir à Bernard TAPIE et qui justifie encore aujourd'hui, malgré la grave maladie qui le handicapait, que l'ancien n°1 de l'OM se soit battu, soucieux de ne pas avoir été spolié comme il l'a été après une mise en faillite discutable orchestrée par un certain Jean PEYRELEVADE, l'excellent ami de ses anciens partenaires socialistes qui avait hérité de la présidence du Crédit Lyonnais. Les sociétés dont il avait gardé la direction perdant de l'argent, il ne sera plus en mesure de s'opposer à une liquidation de ses actifs ni à la condamnation pour corruption qui l'enverra en prison.

C'est pour oublier les bruits et son enfermement entre quatre murs que Bernard TAPIE avait raconté dans un second livre comment le piège s'était refermé sur lui, alors qu'en mai 1993 il était au sommet de la gloire et qu'il venait même d'être appelé l'année précédente à siéger comme ministre en charge de la Ville dans le gouvernement socialiste de Pierre BEREGOVOY. C'est aussi dans ce Librement publié chez Plon, qu'il reviendra sur son profil affirmant qu'il n'était pas un voyou, même s'il avait pu commettre quelques erreurs ou maladresses regrettant au passage qu'en prononçant son nom, celui-ci soit devenu une "véritable injure publique". Comme en mai 1993 au moment où, avant cette finale mémorable de la Ligue des Champions remportée, il avait dû faire front à de multiples attaques. Car cette affaire Valenciennes/OM fera grand bruit grâce aussi à un homme sans nuances décidé à le faire ployer, je veux parler du procureur de Valenciennes, un dénommé de MONTGOLFIER. Un magistrat qui est le premier à reconnaître aujourd'hui qu'il avait abusé de la situation et que huit mois fermes de prison c'était un peu cher payé pour une histoire qui n'aura jamais réussi à être véritablement éclaircie. Car l'idée de payer un adversaire mal en point pour obtenir un succès dont l'OM n'avait pas vraiment besoin avant de partir affronter le grand AC MILAN n'était guère défendable. Même si la marge de quatre points avec le Paris SG était assez faible avant le match de Valenciennes ! Ce qui aurait pu l'être, c'est plutôt le souhait qu'à Valenciennes l'OM ne devait pas perdre d'hommes avant la grande finale de Munich. 

Bernard Tapie, ou un immense gâchis...Ce que laisse également entendre le reportage de M6 réalisé sept ans plus tard (en fin d'article). Il a donc longtemps fallu croire la version de quatre zigotos comme les joueurs valenciennois GLASSMANN, BURRUCHIAGA, ROBERT et du Marseillais EYDELIE ainsi que celle de l'entraîneur PRIMORAC pour tenter de comprendre ce qui avait pu se passer. Ce qui incitera malgré tout la Ligue de football à porter plainte le 4 juillet 1993 par la voix de Noël LE GRAET alors qu'à ce moment-là, rien n'avait encore été établi. Même si le Procureur de MONTGOLFIER disposait d'éléments dont il entendait se servir pour confondre un Bernard TAPIE qui avait tenté, selon lui, de le corrompre maladroitement à son tour. On est d'ailleurs surpris d'une telle stratégie qui ne correspond en rien à celle de l'homme qu'était le patron de l'OM. La présence dans le box des accusés de gens comme l'avocat COLLARD qui réussira à faire croire à son client Jean-Pierre BERNES que son salut passait par la mise en cause de son patron marseillais ne facilitera pas davantage la défense du patron de l'OM. D'autant que Bernard TAPIE avait cru devoir faire appel pour se dédouaner à un témoignage discutable, celui d'un certain Jacques MELLICK alors qu'il n'était pas réellement en danger au cours des premières journées d'enquête, malgré le brio d'un Eric de MONTGOLFIER au sommet de sa forme et malgré les révélations des quatre zigotos et de PRIMORAC. Sans doute Bernard TAPIE aurait-il gagné à ne pas tenter cette nouvelle corruption face à l'entraîneur valenciennois, surtout après ce qui venait de se passer au moment du match. Sans ce nouvel accroc s'ajoutant à la première tentative justifiée par la découverte des 38.000 € (250.000 F) enfouis dans un jardin à Ribérac, tout aurait pu être différent malgré les jérémiades du Procureur de MONTGOLFIER. Pour le président de l'OM, ce sera le début d'une longue descente aux enfers. Il fallait abattre l'homme et tout avait été calculé pour que, très rapidement, on brûle ce qu'on avait adoré en refusant de prendre tous les éléments en considération. Car entre 1986 et 1995 on l'aura adoré le Nanard et pas seulement à Marseille ! Marseille où l'on était encore prêt à l'été 1993 à la défendre bec et ongles comme peut en témoigner la copie d'une lettre de menaces (ci-dessus) reçue par le juge BEFFY chargé de l'enquête ! 

« Je vais me battre comme je l'ai toujours fait. La mort ne me fait pas peur » déclarera t-il après avoir appris qu'il souffrait d'un double cancer de l'oesophage et de l'estomac. Un cancer qu'il associe d'ailleurs à sa lutte contre le Crédit Lyonnais et au fait qu'il se sera beaucoup inquiété ces dernières années. « J'ai dérangé beaucoup de gens et je comprends qu'on ne puisse pas m'aimer, mais je ne veux pas que l'on travestisse la réalité ! » a-t-il ajouté depuis pour que l'on comprenne mieux ce qu'il a dû endurer face à certains dirigeants socialistes qui s'étaient mis en tête d'avoir sa peau. Plus vraisemblablement parce qu'à la veille de trouver un successeur au Président MITTERRAND son nom revenait souvent dans le chapeau depuis la défection de Jacques DELORS et que la candidature de Lionel JOSPIN, ça n'était pas quelque chose de bandant ! Il est vrai que la brillante démonstration de Bernard TAPIE face à Alain DUHAMEL durant une Heure de vérité avait montré à ses partenaires socialistes la dangerosité qu'il y aurait eu à le laisser pénétrer le monde politique où il ne fait jamais bon se trouver, tant il est peuplé de rapaces. Il le mesurera très vite quand en juin 1988, alors qu'il comptait se présenter à Marseille afin d'y être élu député, il devra essuyer une fronde des responsables socialistes locaux comme PEZET. Il sera d'ailleurs contraint de moduler ses prétentions et d'accepter de se présenter dans une circonscription éloignée où il sera élu après un recours. Certes, son engagement politique appuyé par le Président MITTERRAND lui sera utile pour trouver les fonds dont il avait besoin pour prendre le contrôle d'ADIDAS, bien que l'on ne comprenne toujours pas pourquoi on avait tenu à l'encourager à le faire avant de l'inciter près de trois ans plus tard à se défaire de la firme allemande.  

Cette affaire ADIDAS que le Crédit Lyonnais revendra à un prix défiant toute concurrence à l'époque, vaudra à Bernard TAPIE de résister à une pression souvent insoutenable dont l'un des points forts sera de s'opposer en 2014 à une journaliste grimaçante et passablement écoeurante du nom d'Audrey PULVAR l'ancienne petite amie d'Arnaud de MONTEBOURG, sur un plateau de télévision, celui de l'ancienne CNews, I-TELE. « La seule chose qui vous intéresse, c'est le sang » lâchera t-il au comble d'un énervement légitime. L'extrait vidéo retrouvé donne du reste une idée de la façon qu'elle avait cru pouvoir utiliser pour pousser son invité à la faute. A plus forte raison à un moment où l'affaire était en cours d'examen et qu'il n'avait pas la possibilité de répondre aux questions que beaucoup se posaient. Il est vrai que cette affaire qui défraye l'actualité depuis plus de vingt ans et lié à une revente litigieuse d'ADIDAS opérée par le Crédit Lyonnais est singulièrement compliquée. C'est ce qui avait incité Le Monde à en rappeler les différentes étapes pour que l'on comprenne mieux de quoi il est question. Une indemnisation calculée par les tribunaux permettra à Bernard TAPIE de recouvrer les biens qui lui avaient été confisqués avant qu'en juillet 2008, François HOLLANDE entouré du roi des menteurs, un certain CAHUZAC, et de BAYROU ne décident de tout mettre en oeuvre pour faire appel de la précédente décision. Et comme les choses traînent... Elle traînent d'ailleurs tellement que la Cour de Justice de l'Union Européenne s'était penchée sur la légalité de cette vente d'Adidas par le Crédit Lyonnais. 

Mais tout cela, Bernard TAPIE ne le verra pas puisque atteint par un cancer de l'oesophage, il mourra le 3 octobre 2021

Louis PETRIAC

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