Une figure méconnue : Henri Gorce-Franklin, patron du renseignement en 1944 !
Sous-officier de réserve, et rappelé à l'activité le 27 août 1939, Henri GORCE alias « Franklin » qui était né le 7 décembre 1906 à Lyon (Rhône) prendra donc part aux combats de la campagne de France en juin 1940 avec énergie et sera cité à l'ordre du Régiment. Il sera démobilisé le 29 juillet 1940 juste après l'appel du général de GAULLE du 18 juin. Un appel qu'il avait entendu puisque le 5 novembre 1942, après avoir vainement tenté de passer en Angleterre et avoir échappé de justesse à la Gestapo et à la police française qui avait arrêté pour deux jours sa mère et sa femme, celui qui deviendra colonel sera présenté au général de GAULLE à Londres. Il lui fera part de son intention de créer un vaste réseau de renseignement en France. Ayant obtenu son accord, il sera parachuté le 15 février 1943 en France. Infatigable, plein d'ardeur et de dynamisme, il créera de toutes pièces sous le nom de FRANKLIN, le réseau qui fonctionnera sans interruption jusqu'à la Libération, couvrant toute la zone sud et se révélant comme l'un des éléments les plus solides et les plus utiles du renseignement clandestin français. Comme chez d'autres résistants, le premier agent d'Henri GORCE-FRANKLIN aura été son épouse, Edith, une institutrice qui gérera même le service du chiffre, particulièrement traqué par l'ennemi.
Le réseau Gallia, rattaché au BCRA (Bureau central de renseignement et d’action), s’étendra sur tout le territoire français. Le commandant SCHRAM sera désigné, au début de l’été 1943, comme chef de la région Sud-Est. Gallia sera le plus important des réseaux de renseignements français. Il s’appuiera sur les services de renseignements déjà existants des mouvements de résistance de la zone sud, réunis au sein des M.U.R (Mouvements unis de la Résistance). Cette fusion des trois grands mouvements de résistance non communiste de zone sud qu'étaient Combat dirigé par Henri FRENAY, Franc-Tireur et Libération sera décidée le 26 janvier 1943, sous l’impulsion de l'ancien préfet Jean MOULIN préfigurant l’unification de toute la Résistance intérieure derrière le général de GAULLE. En mars 1943 le premier courrier de Gallia parvient à Londres. C'est également avec l'aide de GORCE-FRANKLIN et du réseau que le général de LATTRE de TASSIGNY pourra rejoindre, après son évasion de la prison de Riom, le général de Gaulle en décembre 1943. Henri GORCE-FRANKLIN choisira pour le seconder un adjoint, Louis GENTIL. Centré sur la collecte de renseignements militaires sur papier, selon des critères de description rigoureux puis codés, le réseau Gallia les acheminera selon une procédure spécifique à Londres, avant de les transmettre ultérieurement par radio, pour informer les états-majors alliés. GORCE-FRANKLIN créera et réorganisera ensuite plusieurs réseaux avant de terminer la guerre comme directeur des services de renseignement. En octobre 1944, il deviendra chef de la Direction des Services de Renseignements à la Direction générale des études et recherches (DGER) puis à partir de juin 1945, directeur adjoint de la DGER en Autriche.
En mai 1958, face à la crise du pouvoir républicain en France, les bonnes volontés afflueront au 5 rue de Solférino à Paris. L’immeuble dans lequel le général de Gaulle a son bureau parisien sortira de sa léthargie devenant aussi animé qu’aux grandes heures du RPF. Les coups de téléphone d’anciens compagnons se multiplieront à partir du 13 mai pour proposer leur aide et demander ce qu’ils peuvent faire afin de permettre le retour au pouvoir de l’homme du 18 juin. Henri GORCE-FRANKLIN en fera partie. Après avoir été vice-président de l'Association nationale pour le soutien de l'action du général de GAULLE, commencera pour lui de 1962 à 1967, une deuxième carrière dans le sérail politique puisqu'il deviendra député de Lyon et de 1967 à 1974, membre du Conseil économique et social. Il sera également lieutenant-colonel de réserve. En 1963, comme député, il sera vice-président suppléant de la Haute Cour de justice, qui aura à juger, après la guerre d'Algérie, des opposants au général de GAULLE, partisans de l'Algérie française et membres de l'O.A.S. En mai 1967, il entrera au Conseil économique et social, à la section « plan et investissements ».
Henri GORCE-FRANKLIN, Compagnon de la Libération, décédera le 17 février 2000 à Neuilly-sur-Seine à 94 ans.
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