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21 juin 1943... L'arrestation de Jean Moulin à Caluire...

21 juin 1943... L'arrestation de Caluire

Quatre-vingt-deux ans après les faits, l'Histoire n'a pas oublié Caluire ni ce triste 21 juin 1943. Parce que cette journée aura été marquée par le sceau de l'infâmie et par l'arrestation de l'un des représentants de la Résistance : Jean MOULIN dit Max. Simone BERTHET (en tête d'article) qui verra la scène se dérouler sous ses yeux s'en souviendra longtemps, elle qui était en poste à la mairie de la localité lyonnaise au moment de cette tragédie qui coûtera la vie à ce Max que tous les nazis recherchaient depuis des mois et des mois, et particulièrement leur chef, un certain Klaus BARBIE.

L'étau s'était il est vrai resserré peu de temps après l'arrestation à Paris le 9 juin 1943 du Général DELESTRAINT, qui était le chef de l'Armée Secrète voulue par le général de GAULLE. Cette organisation était un maillon indispensable en vue de l'organisation d'opérations armées clandestines. Il devenait donc indispensable que Jean MOULIN réunisse au plus vite l’état-major de cette Armée Secrète pour lui désigner sans attendre un successeur, et plus qu'un successeur un homme qui jouirait de la reconnaissance de l'ensemble de la Résistance française, ce qui n'était visiblement pas le cas de l'ancien préfet d'Eure-et-Loir. Il est d'ailleurs probable que si Jean MOULIN n'avait pas eu à gérer autant d'oppositions, jamais il n'aurait été trahi comme il l'a été en juin 1943. Et pas seulement par le seul René HARDY même en admettant que celui-ci ait pu être floué par la maîtresse du nazi STENGRITT dont le cheminot était hélas tombé amoureux, la dénommée Lydie BASTIEN ! André LASSAGNE, engagé au sein du mouvement Libération Sud, avait été chargé de trouver un lieu dans la région lyonnaise et ce sera son ami, le docteur Frédéric DUGOUJON qui acceptera de lui prêter la maison qu'il occupait à Caluire et où il avait aussi son cabinet médical pour que puisse se tenir dès 14 heures 30 cette réunion. Idéalement située hors de Lyon elle se trouve sur la discrète place Castellane au centre du bourg et personne n'aurait pu imaginer ce 21 juin 1943 que l'on y vivrait ce qui s'y est passé.

En cette matinée du lundi 21 juin 1943. Jean MOULIN, alias "Max", quitte la petite chambre qu'il occupe sous une fausse identité, au 2 de la place Raspail présumant que cette journée sera longue et ­mouvementée. D'autant que le 27 mai précédent, il a présidé à Paris une réunion fondatrice, celle du Conseil national de la Résistance (CNR). Le CNR rassemblait alors tous les groupes armés, toutes les sensibilités politiques et syndicales, en vue de préparer la France d'après guerre, sous l'autorité du général de GAULLE. Mais, derrière une unité de façade, les rivalités et les jalousies perduraient en ce début d'été. Seulement trois des responsables convoqués par MOULIN connaissaient l'adresse du rendez-vous de Caluire, une mesure prise à titre de précaution. Deux événements imprévus modifieront le scénario initial et mèneront à l'arrestation de Jean MOULIN.

21 juin 1943... L'arrestation de Caluire

A 13 h 40, André LASSAGNE attend au départ du funiculaire qui mène au sommet de la colline de la Croix-Rousse, en direction de Caluire. Il a rendez-vous avec Henri AUBRY du groupe Combat qu'il doit conduire à la réunion. Mais là, surprise, AUBRY n'arrive pas seul. Il est accompagné d'un autre cadre de son mouvement : René HARDY (photo ci-contre), le chef du réseau de sabotage Fer, qu'il a fait venir pour que les intérêts de Combat soient mieux pris en compte lors de la réunion en l'absence de Guillain de BENOUVILLE parti sur Toulouse se marier. Ce qui semblera curieux à beaucoup. HARDY n'a pas été invité par Jean MOULIN et sa présence est contraire aux règles élémentaires de sécurité et de cloisonnement des informations qui ont été décidées par toutes les parties. Elle est d'autant plus contraire qu'AUBRY n'a pas cru utile de prévenir à l'avance Jean MOULIN alors que les deux hommes s'étaient vus le matin même du 21 juin. S'il l'avait fait, il est probable que l'ancien préfet aurait pris la précaution de déplacer la date de la réunion. D'ailleurs, HARDY alias "Didot" semble particulièrement nerveux. Les trois hommes se présentent chez DUGOUJON vers 14 h 25 et ils sont conduits au premier étage. Cependant, aucun d'entre eux n'a, semble-t-il, remarqué qu'une jeune femme, arborant un corsage rouge, les suit à distance depuis le départ du funiculaire. Son nom : Edmée DELETTRAZ. Edmée est agent de liaison au sein d'un service de renseignement britannique actif en France occupée et elle a été arrêtée par la Gestapo le 16 avril précédent alors qu'elle était en mission à Lyon. Agent double depuis, elle a été totalement dépassée par les événements car il avait été prévu qu'elle indique à Klaus BARBIE où devait avoir lieu la réunion des Résistants. Ce qu'elle fera en leur indiquant tout d'abord un mauvais itinéraire et en tentant de prévenir les Résistants français mais sans avoir pu y parvenir.  

Arrivés par la "ficelle" à la station Croix-Rousse, Jean MOULIN et Raymond AUBRAC constatent effectivement que le colonel SCHWARTZFELD n'est pas à l'heure. Il finira par arriver avec une demi-heure de retard et les trois n'arriveront à Caluire qu'à 15 heures au lieu de 14 heures 30. Ce qui changera tout car si les nazis étaient arrivés à l'heure au rendez-vous, avec son retard MOULIN n'aurait pas été arrêté. Au vu des événements les accusations se porteront rapidement sur celui qui n'aurait pas dû assister à cette réunion. D'autant que ce jour là le dénommé HARDY réussira à s'enfuir ayant été bizarrement mal menotté. On le lui reprochera du reste au cours des deux procès qui lui seront intentés en 1947 et 1950. Les interrogatoires musclés commencent. Les coups pleuvent, la Gestapo veut savoir qui elle a finalement attrapé et faire le tri entre patients et résistants. Les Allemands savent que Max est là, mais qui est-il ? Klaus BARBIE va livrer toute sa sauvagerie pour le découvrir. Lucie AUBRAC devait dîner avec son mari et MOULIN, ils ne la retrouveront jamais. Emprisonné et torturé à Lyon par BARBIE et ses sbires, Jean MOULIN ne flanchera jamais, gardant le silence et se refusant à trahir ses compagnons de combat. Il tentera même de se suicider en se jetant dans les escaliers. Rossé et torturé, il mourra sur le chemin de la déportation le 8 juillet d'après. Pour François-Yves GUILLIN, le secrétaire de DELESTRAINT, Jean MOULIN a été "livré" par René HARDY, un agent double qui travaillait pour les Allemands et personne n'a agi pour sauver l'ancien préfet. Ce que confirment les affirmations d'un collabo du nom de MULTON qui avait rejoint le camp de BARBIE. La Résistance intérieure, décapitée et déstabilisée mettra plusieurs mois à se réorganiser.

Dans un ouvrage publié chez Fayard sur la fin de sa vie, René HARDY jouera aux pleureuses estimant qu'il avait été diffamé et accusé par nombre de ceux avec lesquels il avait résisté face aux nazis. Ils seront du reste quelques-uns à prendre la plume pour revenir sur ce qui s'était passé le 21 juin 1943 à Caluire, avec des opinions souvent très tranchées. Klaus BARBIE lui-même, de sa prison, tentera de jeter le discrédit sur Raymond AUBRAC mais ce qui est certain c'est que le "Boucher de Lyon" était resté un fin manipulateur sur la triste fin de son existence de tortionnaire.

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