19 juin 1986... Coluche, la mort d'un idole
19 juin 1986, alors que l'équipe de France de football vient d'éliminer le Brésil en quarts de finale de la Coupe du Monde, surgit une incroyable nouvelle, celle de la mort de COLUCHE survenue dans l'arrière-pays cannois aux environs de 17 heures. Une nouvelle que beaucoup vont avoir du mal à digérer sans aussitôt chercher à comprendre quelles ont pu être les causes de la disparition de l'immense artiste qu'était cet homme de 41 ans qui goûtait à quelques jours de détente après avoir créé quelques mois auparavant les Restos du Coeur avec toute sa bande inoubliable d'enfoirés.
Un poids lourd de 38 tonnes désireux de s'engager sur un chemin de traverse lui aurait coupé la route. Après avoir quitté Cannes dans l'après-midi, il se trouvait dans la commune d'Opio à proximité de Grasse. Bien que le chauffeur du camion ait affirmé qu'il allait vite, ce que prétendra toute la presse le lendemain, COLUCHE roulait à une allure avoisinant les 60 km/h sur une route limitée à 90 km/h - comme le prouvera une reconstitution -. L'humoriste ne portait pas de casque et sa tête aurait heurté l'avant du camion de 38 tonnes provoquant une mort instantanée. Son ami Didier LAVERGNE roulait derrière Michel et il restera longtemps près de lui à lui parler avant l'arrivée des secours espérant qu'il s'en sortirait. A la sortie d'un virage, ils avaient tous les uns derrière les autres entamé une ligne droite avant de trouver face à eux, un semi-remorque de 38 tonnes qu'ils pensaient juste croiser sans imaginer encore ce qui se produirait. Mais lorsque Michel est arrivé au niveau du camion, le chauffeur aurait braqué. C'était comme si une portière s'était soudain refermée sur son nez. Il ne pouvait pas l'éviter. En motard expérimenté, l'humoriste a cependant couché sa moto, espérant passer sous le camion, mais sa tête a percuté l'optique du phare droit du semi-remorque.
Aurait-on conclu trop vite à un accident de la circulation justifié par une prétendue vitesse excessive de COLUCHE ? Et pour quelle raison les témoins de l'accident n'ont-ils pas été entendus par la justice ? Un blog affirmera que l'humoriste ne serait pas mort dans cet accident de moto, mais qu'il aurait été tué. Antoine CASUBOLO, l'auteur d'un ouvrage conçu avec Jean DEPUSSE au terme d'une contre-enquête (ci-contre), parlant de ce tragique accident reconnaissait lui-même sur un plateau de télévision où il avait été invité en 2006 par Thierry ARDISSON qu'il n'avait aucune preuve sur la thèse qu'il avançait, juste des soupçons assez fondés : « Je me dis que ce camion n'avait vraiment rien à faire là [...] parce que c'est pas un camion qui déchargeait du Perrier dans un camping mais un camion qui transportait des gravas venant de la gendarmerie, dans un pré ». Ce qui pourra justifier de la présence assez rapide des gendarmes sur le lieu de l'accident venus bien avant l'ambulance et donc alimenter les fantasmes. L'ami de COLUCHE, Didier LAVERGNE semble, lui aussi, douter depuis des années de la thèse de l'accident mais sans aller jusqu'à conclure au meurtre. « Je ne dis pas que Coluche a été tué. Je n'accuse personne, je me pose juste des questions parce qu'il y a plein de choses qui ne collent pas ». Durant des années, il n'a pas cru à la thèse de l'accident. Plusieurs éléments l'ont fait douter, notamment l'attitude du chauffeur. « Il m'a intrigué. A aucun moment, il ne s'est approché de Michel. Je ne sais pas, moi, quand on renverse une personne, on vient la voir. Lui n'arrêtait pas de dire qu'il ne nous avait pas vus. C'est impossible. Il n'y avait que lui et nous sur la départementale ! C'est vrai que le profil obscur du juge (Jean-P. RENARD compromis dans une autre affaire et soupçonné d'être un franc-maçon) chargé de l’enquête pouvait accréditer les thèses d’un complot meurtrier ». Pour l'animateur Philippe BOUVARD, COLUCHE était un champion de moto, il était maître de sa machine. Ce jour-là, dira t-il, « il sortait d’un garage. Je connais les lieux, il débouchait dans une petite rue, avec une dénivellation. Je ne le vois pas rouler à une vitesse telle qu’il n’aurait pas pu éviter le camion ». Albert ARDISSON, le conducteur du camion qui avait mortellement percuté COLUCHE, sortira de son silence en 2013, 27 ans après le drame, en se confiant à l’hebdomadaire Le Petit Niçois car l’homme, âgé de 75 ans, ne s’est jamais remis de cet accident. Ce « grave » épisode de sa vie l’a traumatisé et l’a fait plonger dans une sérieuse dépression. Et vivre avec la mort de COLUCHE sur le dos est un fardeau dont il n’a jamais réussi à se débarrasser.
Si la thèse de l'accident prémédité ou du complot est souvent revenue depuis la mort de l'artiste, aucun élément étayé ne permet à ce jour de dépasser le stade du soupçon. Pourtant certains continuent à penser que COLUCHE aurait été victime d’un complot tantôt érigé par des politiciens qui voyaient d'un mauvais œil sa candidature à la présidentielle et qui se méfiaient toujours de lui, voire par des opposants à ses actions caritatives et à ces Restos du coeur qu'il venait de créer avec brio. Ce qui pourrait apparaître comme curieux, c'est que personne chez les médias, en dehors du quotidien FRANCE-SOIR, n'enverra de gens sur les lieux pour tenter de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Alors que fin 1984, ils avaient tous fait la queue à Lépanges au moment de la découverte du corps du petit Grégory VILLEMIN. Comme le révélera Antoine CASUBOLO chez Thierry ARDISSON en 2006, on prétendra également que COLUCHE avait fait pression sur des grands groupes alimentaires pour obtenir de quoi faire fonctionner ces Restos du coeur, voire sur l'existence cachée de MAZARINE, la fille cachée du Président MITTERRAND, ce qui aurait fait désordre avant les présidentielles de 1988. Mais si cela avait été, qui aurait pu arrêter un homme décidé à profiter de sa notoriété retrouvée pour dire ce qu'il pensait de cette affaire MAZARINE ?
Alors qui aurait raison : CASUBOLO quand il évoque ce qu'il a découvert lors de sa contre-enquête sur la disparition de COLUCHE ou tous ceux qui persistent à croire en une mort accidentelle non préméditée ? Ce qui est sûr c'est que l'humoriste n'était pas dans les petits papiers des dirigeants de l'époque et que certains auraient pu vouloir sa tête, mais jusqu'à quel point ? Pour Marius, son fils, cette théorie du complot ne tient pas. « Les gens ne peuvent pas admettre qu'un type aussi extraordinaire que mon père puisse avoir une mort "banale" et donc le fantasme prend le pas sur la raison et ils se mettent à penser tout et n'importe quoi ».
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