Violette Szabo, l'Ingrid Bergman de la Résistance
Si on la disait aussi belle qu'Ingrid BERGMAN dans Casablanca, il n'en reste pas moins que l'on ne sait pas grand-chose d'autre à propos de cette autre grande figure de la Résistance qu'aura été Violette SZABO. Sinon qu'elle sera morte comme quelques autres en déportation à Ravensbrück en février 1945 ?
Née à Levallois-Perret, Violette BUSHELL était une jeune femme de 24 ans à peine dont le père, un chauffeur de taxi britannique, avait épousé une couturière française. Si les premières années de la demoiselle s'étaient partagées entre la France et l'Angleterre, la famille vivait au moment de l'entrée en guerre depuis huit ans à Brixton, au sud de Londres. Le dramatique débarquement de Dunkerque en 1940, la région natale de la maman de Violette, sera douloureusement ressenti au sein de la famille et quand la famille apprendra que des soldats français rescapés allaient défiler pour le 14 juillet, on ne manquera pas d'inviter l'un d'eux à la table familiale. C'est à cette occasion que se produira un coup de foudre pour une Violette tombée follement amoureuse de ce lieutenant français des Forces Françaises Libres, un certain Etienne SZABO d'ascendance hongroise qu'elle épousera même quelques semaines plus tard. Elle ne reverra pourtant Étienne qu'au bout d'un an, à l'été 1941, lors d'une permission d'une semaine à Liverpool avant que celui-ci ne perde la vie à El Alamein en octobre 1942 où il était parti combattre. Le jeune homme devenu papa ne verra jamais sa fille Tania née trois mois plus tôt.
Parfaitement bilingue et devenue sous-lieutenant, Violette qui avait intégré après coup le S.O.E britannique (Special Operations Executive) sera parachutée en France à deux reprises. C'est hélas en Limousin près de Sussac qu'elle finira par être capturée la seconde fois le 10 juin 1944 où elle opérait près d'Oradour-sur-Glane sous le nom de Corinne, quelques jours après le débarquement allié de juin 1944 et le lendemain même du carnage opéré par le détachement de la Waffen SS d'Heinz BARTH. Le samedi matin 10 juin, Violette SZABO était partie en mission dans une traction-avant Citroën pour coordonner les maquis locaux du colonel GUINGOUIN en vue d'un sabotage des lignes de communication allemandes. Avec elle dans la voiture qui avait pris la route d’Arnac-Pompadour (Corrèze) où devait les attendre un contact, avaient pris place deux maquisards, Jacques DUFOUR, chef d'un groupe de résistants, et Jacques POIRIER puis un peu plus tard Jean BARIAUD. Tombés sur un barrage dressé par des soldats du 1er bataillon du régiment Deutschland près du village de Salon-la-Tour sur la route de Meilhards en Corrèze, sautant du véhicule, les occupants tentèrent de se replier dans les bois en couvrant leur retraite à l'aide de rafales de Sten. Bien que les tirs allemands aient fauché devant sa ferme une fermière, Marie VERDIER, les hommes parvinrent à s’échapper en sa compagnie. Mais Violette déjà blessée au bras sera vite immobilisée par une entorse à la cheville fut capturée après avoir épuisé toutes ses munitions. Amenée à Paris, avenue Foch, le 16 juin après avoir été d'abord entendue à Limoges, Violette SZABO y sera interrogée par le SS Sturmbannführer Hans KIEFFER subissant plusieurs semaines d'interrogatoires brutaux sous l'autorité des services de Horst KOPKOW mais sans jamais parler. Une tentative d'évasion ayant échouée au moment où elle avait été emprisonnée à Fresnes, elle sera déportée en août 1944 à Ravensbrück où elle sera abattue d'une balle dans la nuque avant que son corps soit jeté dans un four crématoire.
Première Britannique à l'être, elle sera décorée à titre posthume par le Royaume-Uni et la France, recevant le 7 décembre 1946, la George Cross. Au palais de Buckingham le 28 janvier 1947 en compagnie de ses grands-parents, le roi George VI épinglera lui-même cette décoration sur la robe de sa fille, la petite Tania SZABO. En 1947, sa mère recevra la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze et en 1973 la Médaille de la Résistance. Le souvenir de Violette est commémoré dans de nombreux lieux rattachés à ce qu'aura été sa vie et son action. En France, son nom est inscrit parmi ceux des 104 agents de la section F du SOE morts pour la France au Mémorial de Valençay dans l’Indre. À Sussac, où elle fut parachutée le 8 juin 1944 et arrêtée, une stèle sera élevée à sa mémoire et un panneau lui est consacré au musée de la Résistance de Peyrat-le-Château (Haute-Vienne). Une rue porte également son nom à Noyelles-sur-Mer (Somme) où elle passa une partie de son enfance et où elle laissera longtemps le souvenir d'une petite fille studieuse et espiègle.
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