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Henri Frenay, l'opposant à Jean Moulin

 Henri Frenay, l'opposant à Jean Moulin

Il aura été l'un des opposants déclarés à Jean MOULIN mais sans que jamais sa responsabilité dans l'arrestation de l'ancien préfet à Caluire soit démontrée. Pourtant, Henri FRENAY dit CHARVET, le créateur avec sa compagne Berty ALBRECHT de la mouvance résistante Combat, dont l'anti bolchévisme est bien connu, était persuadé que Jean MOULIN était un communiste et qu'il se devait d'empêcher que l'élan patriotique dont il était l'un des acteurs majeurs soit confisqué au profit de Londres et du général de GAULLE. Mais, entre les mots et les actes... 

Henri Frenay, l'opposant à Jean Moulin

Cela étant, rien ne prédestinait au départ le jeune Henri à endosser les habits du héros de la Résistance intérieure qu'il deviendra. « J'appartenais sans le savoir à cette droite française, traditionaliste, pauvre, patriote et paternaliste. » dira un peu plus tard ce fils d’officier « tombé au champ d’honneur » lors de la Première Guerre mondiale au moment de présenter son mouvement et l'action qu'il avait pu mener à sa tête. Issu d'une famille d'officiers de droite, alors que sa propre mère deviendra par la suite pétainiste menaçant même de le dénoncer, c'est sans doute sa rencontre avec Berty ALBRECHT en 1934, une femme de douze ans son aînée dont il fera sa maîtresse, qui en fera ce qu'il est devenu. Fait prisonnier par les Allemands dans les Vosges, l'ancien Saint-Cyrien et officier qu'il était ne pouvait qu'être sensibilisé en 1939 par tout ce qui singularisait déjà le nazisme, surtout après avoir consacré du temps avant guerre à pressentir ce qu'il représentait pour un peuple assoiffé de vengeance. Ceci grâce à des contacts avec des gens qui avaient déjà eu avant guerre à supporter les affres de camps de concentration et grâce aussi à sa lecture dès 1934 de Mein Kampf. Un intérêt qui le verra compléter son savoir par des cours suivis à Strasbourg au Centre des Hautes études germaniques.

Il n'en fallait pas davantage pour que, dès l'été 1940, après avoir réussi à s'évader, il crée progressivement un mouvement décidé à s'opposer à un tel ennemi. Muté au 2ème bureau de l'état-major de ce qui restait de l'armée sous PETAIN, il demandera en mars 1941 à être relevé de ses fonctions déçu par ce qu'il voyait autour de lui. Pour lui, résister est alors devenu un devoir. C'est à l'été de la même année qu'il rencontrera l'ancien préfet Jean MOULIN pour la première fois, celui-ci cherchant à inventorier les besoins des mouvements de résistance intérieure. Les deux hommes se verront fréquemment jusqu'en 1943. Bien que les autorités de collaboration lui aient proposé parallèlement de se rallier avec son mouvement aux services secrets français, FRENAY refusera en se mettant en danger. C'est ce qui le verra recherché par la police de Vichy dès l'été 1942. C'est d'ailleurs le lien qu'il avait conservé avec certains de ceux qui collaboraient avec l'ennemi qui le rendra suspect aux yeux de Londres et quand il s'agira de fédérer les mouvements de résistants, de GAULLE lui préférera Jean MOULIN puis Charles DELESTRAINT qui sera nommé chef de l'Armée secrète alors qu'il se serait très bien vu occuper un tel poste. Mais son différent avec le chef de la France Libre s'aplanira au terme de plusieurs rencontres qui verront les deux officiers trouver dans leur action bien des points d'accord.

Le premier entretien qu'aura Henri FRENAY avec Jean MOULIN à Marseille à l'été 1941 a très vite mis en lumière ce qui opposait le responsable du mouvement Combat à l'ancien préfet. A un point tel qu'il lui faudra trouver rapidement de quoi financer les actions de guérilla qu'il menait en s'adressant notamment aux Américains par le truchement du Général GIRAUD qui bénéficiait d'une cote de faveur chez le Président ROOSEVELT à l'inverse de de GAULLE que la Maison Blanche considérait être un dictateur. Jean MOULIN voulait séparer fondamentalement le combat politique de la résistance militaire, et il rappelait que c’était au gouvernement exilé à Londres sous l'autorité du Général de GAULLE puis à Alger d’assumer la fonction politique, alors qu'Henri FRENAY, affirmant l’échec du régime des partis de la IIIe république, demandait que la résistance s’affirme comme seul mouvement politique autonome et qu'elle crée de nouvelles institutions. Jean MOULIN arrêté par les nazis, FRENAY commencera à douter tout en poursuivant sa pression. Lors de l'implication dans l'arrestation de René HARDY qu'il considérait être un ami, ses soupçons iront plutôt se porter sur Lydie BASTIEN. Après la guerre, au moment des procès intentés à HARDY, il dira même à un média que Lydie avait été le mauvais ange de René, qu'elle ne l'avait jamais aimé et qu'elle l'avait conduit à l'abîme. Ce que bien des faits semblent confirmer malgré la relaxe dont HARDY aura bénéficié à deux reprises. Dans un commentaire qu'il fera à propos de "la fiancée" du cheminot dans un ouvrage paru chez Robert Laffont en 1973 (La nuit finira), il ne manquera pas d'égratigner l'intéressée en évoquant "une femme inquiétante. Elle est trop belle ajoutera-t-il. Grande, mince, toute en jambes, sa démarche est nonchalante et sûrement étudiée. Sa mise est élégante, un peu tapageuse. De ses yeux immenses pleins de langueur, elle fixe les hommes avec une insistance doucement provocante. Un type de femme qu'un metteur en scène rêverait de rencontrer pour en faire l'héroïne d'un film d'espionnage." Il aurait été difficile d'être plus direct quant à la donzelle ! 

Devenu un temps commissaire puis ministre des anciens combattants, prisonniers et déportés dans le gouvernement provisoire du Général de GAULLE constitué dès novembre 1943 à Alger puis plus largement à l'automne 1944, Henri FRENAY a conservé une dent contre ce Maréchal PETAIN qu'il aurait, lui, été plutôt partisan de dégrader avec tout ce qui avait fait sa splendeur militaire plutôt que de l'enfermer fans cette forteresse à l'Ile d'Yeu. Ce qui se défend quand on mesure le mal qu'il aura fait à la nation française en profitant de sa notoriété militaire de la Grande Guerre. Au micro de Jacques CHANCEL et dans le cadre d'une Radioscopie, il reviendra en 1973 sur ce que pouvaient être durant les années de guerre la lâcheté et le goût du pouvoir. Henri FRENAY décédera le 6 août 1988 à Porto Vecchio en Corse et le film ci-dessous rend hommage à son groupe Combat et à tous les résistants de la première heure qui se seront parfois battus jusqu'au péril de leur vie.

      


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