Walter Stennes l'opposant nazi à Hitler
Walter STENNES... Voici un homme dont on sait peu de choses, sinon qu'il se sera tout de même quasiment hissé au sommet de la pyramide nazie. Quasiment car il s'y était fait un certain nombre de relations amicales comme Hermann HOERING et Joseph GOEBBELS. Si son nom revient rarement dans l'historiographie nazie, il n'en reste pas moins que Walter STENNES avait réussi à occuper le rang de chef de la Sturm Abteilung (S.A) de Berlin au début des années trente et donc avant l'arrivée au pouvoir d'Adolf HITLER en janvier 1933. Et c'est notamment lui qui, voyant les difficultés auxquelles étaient confrontés les S.A, avait conduit une révolte de ses troupes dans la capitale allemande, au moment même où régnait dans la place un autre nazi du nom de Joseph GOEBBELS.
Ancien combattant bardé de distinctions durant la guerre 1914-18 puis membre des Corps Francs, adhérent du NSDAP en 1927, sa nomination rapide à la tête des S.A berlinois et de près d'un tiers des effectifs allemands n'est guère surprenante tant l'homme savait se montrer opiniâtre et révolutionnaire. Ce qu'il démontrera en contestant le fait qu'Adolf HITLER ait choisi après 1925 la voie légale pour prendre le pouvoir en Allemagne en délaissant les aspects révolutionnaires qu'il défendait lui qui se situait plutôt à l'aile gauche du NSDAP. Mécontents du sort qui leur était fait et des ordres de cesser les combats de rue, les partisans de STENNES iront du reste le 30 août 1930 jusqu'à occuper par la force le siège berlinois du parti et les locaux de son organe de presse régional, Der Angriff fondé par Joseph GOEBBELS. Faut-il là y voir une sorte de putsch ? Sans doute pas mais plutôt la quête d'un statut prenant davantage en compte les aspirations des S.A. qu'HITLER ira jusqu'à refuser tout d'abord de recevoir en vue d'une négociation avant d'y être contraint par les événements. Il convient de préciser que la moitié des S.A provenaient des milieux ouvriers et qu'une bonne moitié d'entre eux n'étaient pas adhérents du NSDAP. Ce sont les SS qui seront chargés par le NSDAP de remettre de l'ordre dans la maison avant qu'HITLER se décide à rappeler Ernst ROHM pour lui demander de reprendre en mains les S.A. après avoir évincé Franz PFEFFER von SALOMON de leur direction. Ce serait dit-on l'abandon du volet social contenu dans le programme qui aurait fait bisquer STENNES. Au point que celui-ci rééditera cette rébellion au début de l'année 1931 n'ayant pu admettre non plus que lors de la designation des candidats aux élections législatives, le parti nazi ait choisi d'ignorer les S.A alors que ces derniers avaient montré quel rôle ils avaient longtemps tenu au sein de l'opposition allemande et de la lutte d'HITLER contre les communistes et le bolchévisme.
Après cette fronde menée à la tête de ses troupes, STENNES sera exclu des rangs des S.A et du NSDAP et fondera alors à ses risques et périls son propre mouvement politique, le NSKD Nationalsozialistische Kampfbewegung Deutsch-lands. En 1932, devenu délibérément un opposant à HITLER, il appuiera les manœuvres du chancelier Kurt von SCHLEICHER destinées à former une « grande coalition » pour faire barrage au futur dictateur et à la NSDAP au moment où von SCHLEICHER avait été pressenti pour occuper le poste de chancelier. Arrêté en 1933 et emprisonné dans un camp de concentration, il devra sa liberté à son ami Hermann GOERING et à son oncle qui était cardinal. Mais le jeune rebelle qui avait dû pressentir ce qui allait se passer durant la Nuit des Longs Couteaux à l'été 1934 sera évidemment contraint de s'exiler, d'abord aux Pays-Bas puis en Grande-Bretagne avant de s'installer en Chine. En compagnie d'un autre déçu du nazisme, un certain Hermann KRIEBEL qui avait participé avec lui à la fronde de la brasserie munichoise de 1923, il conseillera les nationalistes chinois. En 1941, les services russes l'emploieront et c'est notamment lui qui les alertera sur l'imminence de l'opération Barbarossa. Revenu en Allemagne en 1949 après le départ en exil du leader chinois TCHANG KAI-CHEK qu'il servait, il tentera de négocier le fait qu'il avait été une victime du nazisme mais sa demande sera rejetée en 1957. Il décédera en mai 1989.
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