Primo Levi, le chimiste déporté...
Malgré sa déportation à Auschwitz, le chimiste juif italien Primo LEVI aura su, lui aussi, surmonter un emprisonnement qu'il résumera dans Et si c'était un homme, un ouvrage bouleversant. Du convoi de 650 juifs italiens auquel il appartenait, seulement une vingtaine reviendront. Arrêté par des partisans du Duce en déc. 1943, alors qu'il faisait partie d'un groupe de résistants qui avait été infiltré par un agent des forces fascistes, c'est en 1944 qu'il sera déporté à Auschwitz où il devra attendre la libération du camp par les Russes en janvier 1945.
« La faim était, dira t-il, une préoccupation de chaque heure, de chaque minute. Dans le camp de concentration où il se trouvait il n'existait aucune forme de solidarité, chacun cherchant à préserver son petit bout de pain. Il était donc rare de pouvoir s'y faire des amis d'autant que régnait dans le camp où j'étais une incompréhension totale liée au fait que l'on y pratiquait à peu près toutes les langues et dialectes possibles et que ça ne favorisait guère les échanges. Si j'y suis parvenu c'est parce que mon besoin d'aller vers les autres était important et cela a été un moyen de survie pour moi. »
Les souffrances, souvent invisibles, produites par la torture, sont complexes et durables. Elles sont difficiles à exprimer par les personnes qui ont survécu aux traitements humiliants inhumains, cruels et dégradants visant à les détruire en tant qu'êtres humains comme cela a été le cas pour Primo LEVI. Quand il a pu retrouver un emploi de chimiste après l'horreur, il est devenu directeur d’une entreprise de peintures, s'est marié et a eu deux enfants et de nombreux amis. C'est alors qu'il a parlé et raconté sans cesse ce qu’il avait vu, au nom de tous ceux qui ne pouvaient plus parler et qui étaient allés seuls au bout de l’horreur. Très vite, en désordre, il a écrit comme il l’avait pensé enfermé dans un camp, éprouvant le besoin de raconter aux autres, de les faire participer. En Italie, où il est désormais reconnu comme l'un des plus grands écrivains du XXe siècle, et partout ailleurs dans le monde où ses livres, traduits en de multiples langues, en ont fait le plus célèbre rescapé d’Auschwitz.
Alors qu'il se destinait à une carrière de chercheur, à vingt-huit ans il se mettra à écrire sûrement pour essayer de comprendre ce qu'il avait vécu emprisonné et aux portes de la mort et aussi pour laisser un témoignage à d'autres. Ses nombreux ouvrages seront couronnés à travers le monde.
Il mourra en 1987 pas encore très âgé à la suite d'une chute dans ses escaliers. Certains diront qu'atteint par des dépressions à répétition, il se serait suicidé.

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