Mireille Balin, la vamp collabo
Les Britanniques disaient d'elle qu’elle était la "French Greta Garbo" et le New York Times la considérait plus convaincante en femme fatale qu’Hedy LAMARR (à l’époque considérée comme la plus belle femme du monde). Elle sera même courtisée en 1937 par Hollywood. Il est vrai que c'était probablement l'une des plus belles actrices d'avant-guerre et quelqu'un qui était déjà, à dix-sept ans, une fort belle jeune fille. Sans cependant qu'elle ait envisagé faire un jour la carrière qu'elle a faite, estimant qu'il y avait de bien plus jolies femmes qu'elle. Jusqu'à ce qu'elle fasse ensuite n'importe quoi pour continuer à exister pendant les années de guerre qu'a dû traverser notre pays entre 1940 et 1945. Au risque même de se compromettre avec des responsables politiques qui s'étaient ouvertement laissés séduire par les théories nazies et en ayant mené une vie amoureuse trépidante. Comme par exemple Jean LUCHAIRE dont elle deviendra même l'une des fréquentations après s'être séparée de Tino ROSSI. Il faut bien dire que LUCHAIRE savait se montrer captivant, ne serait-ce que par l'étendue de son carnet d'adresses et de ses relations, parmi lesquelles figurait l'ambassadeur nazi Otto ABETZ. On prêtera même à Mireille BALIN une courte liaison avec lui.
Mireille BALIN s'est rapidement imposée et dès sa seconde apparition à l'écran où elle était apparue aux côtés de Pierre BRASSEUR et de Marguerite MORENO dans Le sexe faible (1933). Personne n'a oublié Jean GABIN aux côtés duquel apparaîtra d'ailleurs Mireille BALIN dans Pépé le Moko puis Gueule d'amour, deux films où sa beauté et son maquillage hollywoodien fort réussi en avaient fait une star vite prisée. Il faut reconnaître qu'issue d'une famille pourtant loin d'être aisée, son père, journaliste à la Tribune de Genève, lui avait offert la meilleure éducation possible : pensionnat, cours de piano et d’équitation qu'elle avait complété par des leçons de diction et de chant. Devenue une jeune fille accomplie, il ne manquait à Mireille, pourtant née prématurément en juillet 1909 à cause d'un accident de voiture de ses parents, que l'occasion de se mettre en valeur. Ce qui sera chose faite chez le couturier en vogue Jean PATOU, qui fera très vite de celle qui était une ancienne secrétaire un mannequin de haute couture et une silhouette qui ne manquera pas d'attirer rapidement tous les regards et il y en aura quelques-uns. Dont celui de certains cinéastes comme le cinéaste PABST qui en fera en 1932 une jeune écervelée dans le film Don Quichotte où elle apparaîtra pour la première fois à l’écran. Elle gardera de son premier métier un goût pour les toilettes somptueuses et le paraître, déjà prête à tout pour s'élever dans la hiérarchie cinématographique. D'une mère florentine, elle avait appris l'italien, ce qui la servira. Une liaison passionnée la verra s'éprendre d'un politique, le richissime sous-secrétaire d'Etat à l'Economie nationale, Raymond PATENOTRE avant qu'on la voie en 1936 aux bras de Jean GABIN puis un peu plus longtemps à ceux du ténor Tino ROSSI devenu lui aussi une grande vedette et un bourreau des coeurs après un inoubliable Naples au baiser de feu.
Sous Vichy et PETAIN, elle continuera à incarner des garces, avec des rôles qui lui convenaient à merveille participant également à un film considéré comme pro-franquiste. Après avoir roulé sa bosse aux côtés de plusieurs autres grandes pointures, elle cessera de tourner en 1942 et, séparée de Tino ROSSI, elle tombera amoureuse d'un officier de la Wehrmacht, un Autrichien du nom de Birl DEISSBOCK dont elle avait fait la connaissance trois ans plus tôt. Les deux amants se sentant menacés tenteront de fuir peu avant la Libération de l'été 1944 mais leur escapade tournera vite à l'hallali et ils seront arrêtés par des FFI le 28 septembre alors qu'ils tentaient de franchir la frontière avec l'Italie. Sans que l'on sache ce qu'il adviendra de son amant autrichien, Mireille BALIN sera même battue et violée par des agresseurs et elle n'échappera pas aux foudres de l’Epuration. Jugée pour collaboration horizontale, puis libérée en janvier 1945 après quelques mois de détention à Fresnes, sa carrière sera dès lors irrémédiablement brisée. Ses biens volés, son appartement pillé, on lui reprochera notamment d'avoir participé aux galas organisés par l'Ambassade nazie à Paris d'Otto ABETZ et de son grand ami Jean LUCHAIRE et probablement aussi d'y avoir profité de ses charmes entre 1942 et 1944 avec une autre actrice Yvette LEBON. Revenue à Paris après s'être un temps installée à Monte-Carlo elle sera prise en charge en 1957 par une association chargée d'aider les anciens artistes dans le besoin, mais usée par la maladie (photo ci-contre) elle ne parviendra jamais à remonter la pente. Devenue une alcoolique, elle mourra dans le besoin en 1968 à 59 ans sans jamais avoir pu réussir à faire oublier ses frasques de l'occupation ni ses fréquentations douteuses au sein du monde des collabos. FERNANDEL, président d'honneur de l'association "La roue tourne" et Tino ROSSI un de ses anciens amants et compagnon contribueront aux frais de conception de son caveau. Tino avouera à la fin de sa vie que Mireille BALIN avait été le grand amour de sa vie. Aucune de ses relations d'avant-guerre n'assistera à ses obsèques et elle partagera un modeste caveau au cimetière de Saint-Ouen avec un autre artiste tombé dans l'oubli et me dénuement : Jean TISSIER. Elle qui disait avant-guerre n'avoir rien eu avant de tout posséder tout en sachant que demain elle pourrait tout perdre, avait vu juste…
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