Thyssen il avait soutenu Hitler avant de changer d'avis
Friedrich THYSSEN aura été l’un des plus grands industriels allemand de son époque, héritier de l’empire minier et sidérurgique construit par son père. En 1923, alors que la France et la Belgique avaient envahi la Rhénanie pour obliger l’Allemagne à payer des dommages de guerre, il organisera, avec quelques autres magnats de l'industrie, une résistance passive, mais en vain, Dès 1923, après s'être rapproché du général LUDENDORFF, une figure militaire populaire en Allemagne, il se tournera vers HITLER qu'on lui avait présenté, pensant qu’il allait redresser l’économie allemande mise à mal par le Traité de Versailles de 1919 aux conséquences appliquées dès 1922. THYSSEN entrera même au NSDAP en 1931 et se mettra à financer le parti nazi jusqu’à devenir l’un des principaux responsables de l'ascension d'HITLER; il l'avait déjà aidé en 1930 à acquérir un vaste lieu de rassemblement : La maison brune à Munich grâce à un énorme don puis ensuite grâce à une contribution annuelle de 20 000 Deutsche Mark. Le soutien de THYSSEN allait même beaucoup plus loin puisqu'elle incluera ensuite un partenariat de Prescott BUSH, l'aïeul de l'ancien président américain. C'était alors l'un des sept directeurs de l'Union Banking Corp., une banque d'investissement new-yorkaise contrôlée par la famille du magnat allemand, selon des informations fournies par l'Associated Press. C'est reconnaître quelle a pu être l'implication américaine dans l'ascension du dictateur nazi et l'importance d'apports qui permettront de financer des campagnes de propagande ruineuses !
A ce moment-là « Fritz » se félicitait de la suppression du Parti communiste, des sociaux-démocrates et des syndicats et il acceptera dans un premier temps l’exclusion des Juifs de la vie économique. Il n'était pas le seul des soutiens américains à le souhaiter puisque Henry FORD lui-même était un antisémite convaincu. Seulement, catholique fervent, THYSSEN s’opposera à la répression croissante de l’Église catholique romaine. Après la Nuit de Cristal de novembre 1938, heurté parce ce qui se dessinait au pays nazi, il démissionnera même du Conseil d’État critiquant la politique économique du régime, qui subordonnait tout au réarmement en vue de la guerre. Aveuglé par son nationalisme il avouera en 1941 s'être fourvoyé ! Pourtant tout était écrit dans Mein Kampf et il est difficile de croire qu'il ne l'ait pas lu à la fin des années vingt !
THYSSEN sera dès lors exclu du parti nazi, ses entreprises nationalisées. En 1939, il s’enfuira pour la Suisse puis gagnera la France. Lors d’une visite à sa mère en Belgique il sera arrêté par les autorités de Vichy avec la complicité du collabo pétainiste PEYROUTON et déporté au camp de concentration de Sachsenhausen. En février 1945, il sera transféré à Dachau mais, probablement en raison d’un traitement de faveur, il survivra. Il sera jugé à Nuremberg et émigrera ensuite en Argentine, où il mourra en 1951. Avant son arrestation, et pendant son exil français, il rédigera ses mémoires à un journaliste américain qui les éditera et les publiera aux États-Unis à la fin de 1941 sous le titre J’ai payé Hitler un livre dans lequel il se justifiera. J’ai payé Hitler est un réquisitoire implacable et passionnant où THYSSEN, furieux d’avoir été trompé, détaille, parfois avec humour, l’incurie des pontes nazis qu’il n’a pas voulu voir, et l’absurdité des mesures économiques prises, qui devaient fatalement conduire à la défaite.
Le reportage ci-dessous revient sur l'ensemble des soutiens financiers dont a pu bénéficier HITLER à partir du début des années trente.
Commentaires
Enregistrer un commentaire